A propos
BUALA (en quimbunde, kikongo et lingala Bwala) signifie maison, village, communauté où l’on se rencontre. Il s’agit d’un portail multidisciplinaire de réflexion, critique, ayant de la documentation, en langue portugaise, avec quelques tradutions. Au début il portait sur les cultures africaines contemporaines, puis il s’est élargi vers un vaste champ de réflexion post-colonial et decolonial.
Buala.org rassemble et rend disponible matériaux, images, projets, articles issus du journalisme (reportage et interviews), ou de l’academie, littéraires ou expositions virtuelles. Le tout d’accès ouvert. C’est un réseau de travail très utilizé par les professionnels de la culture et de la pensée. Artistes, opérateurs culturels, chercheurs, journalistes, professeurs, curieux, voyageurs et auteurs.
La géographie du projet répond au dessin tracé par les différentes sources de contribution. Cette géographie est donc plus nomade qu’étanche. La langue portugaise dans le portail est célébrée dans la diversité lexical et linguistique au Portugal, au Brésil et dans le continent africain, dialoguante ainsi avec le monde. On produit sourtout des textes en portugais, certains d’entre eux sont traduits en français et anglais.
BUALA a inauguré le 25 de Mai de 2010, jour de l’ África, et il a été presenté au publique à la biennal de São Paulo.
Néanmoins il fonctionne depuis 2011 sans aucune subvention, mais on viens d’avoir un soutien de la Mairie de Lisbonne.
Buala.org souhaite inscrire la complexité du vaste champ culturel africain dans sa mutation rapide, qu’elle soit économique, politique, sociale ou culturelle. Nous comprenons la culture comme des systèmes, des communautés, des événements, des sensibilités et des frictions. Poser des questions idéologiques et historiques, entremêlant les époques et les héritages. En fait, nous désirons faire naître de nouveaux regards, ce regard se veut décolonisé, partant de plusieurs façons de voir l’Afrique contemporaine, l’Europe pos-coloniale et les relations transatlantiques.
Le début du projet BUALA portait principalement un intérêt sur la vie culturel des pays lusophones, où moi-même a vécu quelques années – Cap-Vert, Angola, Mozambique et Brésil, et encore plusieurs voyages en Guiné-Bissau et Sao Tomé-et-Principe. Lors de ces séjours j’ai pu témoigner de la vie culturelle des ces pays, notamment participant aux biennales d’art, festivals de cinéma, théâtre, danse, et aussi à d’évènements d’éducation. J’ai par la suite crée le BUALA dans le bout de promouvoir la connaissance de ces pays, qui sont marginalisés sur le plan international (par exemple, il y a seulement un poète africain de langue portugaise qui a été traduit en anglais : le capverdien Corsino Fortes). J’avais aussi l’intention de montrer une image autre que le coté réducteur et folklorique de ce qui arrivait au Portugal au niveau de la production culturelle africaine. Il s’agissait de faire la critique d’une certaine façon de raconter la lusophonie, souvent et encore attachée à une mentalité lusotropicaliste.
LIGNE EDITORIALE
À mesure que BUALA grandissait, son archive a commencé à répondre aux besoins et aux débats des auteurs sur les différentes places d’énonciation et de temps, accompagnant les «voyages de la théorie » (Said). Au même temps sa ligne éditoriale devenait plus forte à travers d’une vision de plus en plus relationnelle et transnationale.
Questions post-coloniales et transatlantiques à théories du Sud (Boaventura, Comaroff) qui prennent le Sud Global en tant que concept non géographique, métaphore de l’exploitation et de la résistance à un pouvoir oppresseur. Le Sud Global ce sont des contextes et des conditions identiques, avec des expériences historiques et politiques plus ou mois similaires, notamment l´expérience du vécu colonial comme un espace symbolique d´affirmation, lieu imaginé e déterritorialisé.
Nous sommes intéressés par la connaissance intégrée des réalités et cultures du Sud Global (soient-elles africaines, latines, méditerranéennes, européennes et autres).
- À partir de notre position périphérique à l’intérieure de l’Europe nous voulons :
Interroger des histoires qui ont été interceptés par le colonialisme, la migration et l’exploitation;
Comprendre quelles sont les disponibilités entre les diaspores noires et le continent d´origine, migrations, afro-descendants, échanges culturels ;
Nous essayons de refuser toute considération identitaire fermée, laquelle on peut retrouver maintes fois sur l’agenda multiculturaliste ;
Malgré une incidence plus grande sur les pays de langue portugaise, qui est justifié par le biais d´une plus grande accessibilité pour nous, nous ne revendiquons pas la lusophonie comme ligne de travail. Si elle existe elle porte un nouveau regard vers la lusophonie, qui intègre la relation entre un contre-discours et une critique de l´idée de la Nation et l’Histoire – En d’autres termes, un renouvellement de la représentation culturelle et identitaire de cet espace linguistique ;
Dialogue intergénérationnel : auteurs déjà connus ainsi comme des nouveaux auteurs ;
Nous avons une posture tournée vers une pensée décoloniale et souhaitons rendre visible des esthétiques décolonisées (Wignolo 2005).
Reprendre/« Faire un sauvetage » de la force politique de la culture.
Facteurs/Indicateurs qui nos ont incité à créer le Buala
- Potentiel de masse critique, d´événements et de narratives, souvent rendus invisibles par l´Histoire et les moyens de communication, par exemple dans les pays africains;
- Contraintes fortes des libertés d´expression ;
- Versions réductrices de la place de la Culture : tels que le divertissement ou alors dans les contextes sur lesquels la perception de l´Europe bifurque entre la condition de soumission et la « mythification » d´un potentiel circonscrit aux économies émergentes (par exemplo ex-el Dorado Angolais) ;
- Vision limitée de la vie culturelle africaine et brésilienne (remplie d´ignorance et de paternalisme) ;
- Le fait que la connaissance de ces débats soit limitée/restreinte à l´université (au-delà des difficultés de l’académie à transmettre en dehors de ses circuits) ou alors à la grandissante influence des réseaux sociaux et blogues aussi bien personnels que territoriales et nationales ;
- « Déni » des questions sociales dans les milieux artistiques et vice-versa ;
OBJECTIVES
Le mouvement noir au Portugal soit quasi inexistant. Il nous paraît nécessaire créer des références dans le discours et connaitre les auteurs majeures. Reprendre des références incontournables de la pensée africaine.
- Faire le rappel du projet anticolonial avec ses textes fondateurs : Amílcar Cabral, Eduardo Mondlane, Mario Pinto de Andrade, Du Bois, Alain Locke, George Lamming, Franz Fanon, Kwame Nkrumah, C.L.R.James, Césaire, entre autres.
- Créer une grande base d´auteurs : chercheurs, journalistes, artistes.
- Contribuer à une pensée émancipatrice.
- Contribuer à la valorisation et rendre une plus grande visibilité sociale aux afrodescendents et au mouvement noir du Brésil.
- Mettre en relation notre condition postcoloniale à notre condition contemporaine globale, tout en travaillant sur les données contemporaines dans le contexte de capitalisme tardif et international.
Il y plusieurs sections : arts visuelles performatives, littérature, musique, urbanisme, cinéma, sciences sociales.
Exemples de projets avec un positionnement politique, sur lesquels le BUALA collabore ou accueilli bien volontairement.
1. JOGOS SEM FRONTEIRAS (Jeux sans frontières : J-S-F). JSF est une plateforme transdisciplinaire qui se situe entre l´art, la politique et la théorie critique. Cela a commencé en 2007 avec l´édition de la revue Jeux sans frontières #1 dédié à la frontière Sud de l´Europe. Ce premier numéro a essayé de répondre aux massacres de Ceuta et Melilla en 2005. Plus tard, nous l´avons refait en 2011, à New York, dans le cadre de l´événement Crisis of Everything Everywhere, organisé par le sixteen Beaver Broup à la suite des expériences du Occupy Wall Street. La revue Jeux Sans frontières#2, a été dédié à ce qu’on a appelé d’« espaces de résistance et zones d´invention », et a porté essentiellement sur les soulèvements qui ont eu lieu entre 2011 et 2013, en particulier l’expérience des places occupés et des espaces d´autogestion. Notamment celles qui ont eu lieu à Madrid, à New York, à Rabat, à Amsterdam, à São Paulo, à Lisbonne, à Kaunas, à Milan, à Atenas, au Santiago du Chile.
- 2. ESTE CORPO QUE ME HABITA (Ce Corps qui m’habite) cela est une publication papier, une idée qui s’est matérialisé grâce à la réussite d’une collecte de fonds. Le bout était de réfléchir sur le CORPS, sur ses multiples tentacules, dédoublements, conflits, réalités et utopies. Refléchir sur ces points est une nécessité stratégique pour qui désire interroger les processus normatifs d’exclusion, de naturalisation et de production, mettre en mouvement de nouvelles façons d’être dans le monde, de nouveaux affects, d’ouvrir l’horizon de la pensée.
- Le livre de Judith Butler, La vie précaire, inspire en grande partie cette publication. Devant l’exigence de réunir des conditions sociales et économiques d’une quelconque existence, nous penserons la précarité telle une vie pouvant se détériorer ou se perdre, se détruire ou s’ignorer systématiquement jusqu’à la mort.
- Plus du côté de Butler que d’Agambem, nous pensons que les vies ne sont pas modelées en dehors de la cité, dans un état d’exposition radicale, mais se trouvent attachées et contraintes par les relations de pouvoir, en situation d’exposition forcée. Ainsi, ce n’est pas en retirant la loi que l’on produit la précarité mais c’est en l’appliquant ou bien encore en exerçant d’une certaine façon le pouvoir de l’état.
- De telles vies peuvent être affectées sans être l’objet d’un « duel », la précarité est nécessaire pour la protection du style de vie ou de la vie d’autres sujets. On ne peut donc pas penser au corps sans tenir compte des conditions qui le rendent vulnérable à la précarité, que ce soit des questions relatives au genre, à l’origine, à l’orientation sexuelle, à la sexualité, à la classe sociale, à la race, à la différence culturelle, à la maladie, à l’incapacité, à l’aspect physique ou à l’âge. Dans ce sens, nous prétendons insister moins sur la politique identitaire ou sur les prétentions identitaires (et sa subversion trompeuse) et plus sur la précarité et ses distributions de la différence et de l’exploration sur les cartes du pouvoir contemporain.
- On a fait des call for papers avec plusieures lignes de pensée comme:
- repenser le corps (exclu) dans le contexte postcolonial;
- les corps et les formes de violence.;
- la conception du corps et l’activisme politique (quelles conceptions du corps favorisent un activisme politique ?);
- la représentation du corps (exclusion, reproduction et transgression)
- penser la ville comme un espace de saturation culturelle du corps, de son dépassement et de transformation à travers des images, où le corps se transforme, proteste et se réinscrive selon ses représentations.
3. Nous avons organisé le cycle « Paysages Éphémères » dédié à l´anthropologue, poète, cinéaste angolais Ruy Duarte de Carvalho (1941-2010). Dans ce colloque on a fait une relecture de l’œuvre de cet auteur, laquelle questionne les frontières entre lieux, genres et savoirs. Pour cet événement plusieurs chercheurs et personnalités du Brésil, d´Angola et du Portugal se sont réunis, tous travaillant sur l´œuvre de Ruy Duarte de Carvalho en dialogue avec des thèmes aussi diverses que la philosophie, la politique et la pensée critique. Dans ce contexte on a également organisé une exposition UMA DELICADA ZONA DE COMPROMISSO (Une délicate zone d’engagement) à partir de du répertoire qui montre la diversité de ses matériaux et processus créatifs. Cette exposition a eu comme curateurs/curatrices Ana Balona de Oliveira, Inês Ponte et moi même. Nous avons fait un sort de parcourir l’œuvre et la vie de l’auteur : de l’Afrique Austral jusqu’au Brésil, du post-indépendance d’Angola à l’exile intérieur, du désert à la mère, de ses obstinations à ses hésitations, de la famille à la solitude exigeante, de la longue guerre à l’analyse des ses implications, de la précision de ses carnets de terrain au jeu anthropologique entre l’observateur et l’observé.