Cet essai se propose de parcourir, de façon exhaustive, la littérature coloniale portugaise des années 1920 en rapport avec le Mozambique. Les récits à l’étude montrent comment la perception morphologique de l’autre, sur la base d’un référentiel géographique, se trouve directement liée aux représentations de la pensée raciale portugaise développées dans une large mesure à partir de la mythologie aryenne et du darwinisme social. Les notions de « lutte des races » et de sélection des communautés les plus aptes contribuent à l’élaboration d’une « stratégie de la cruauté » et au déclenchement de flux de mort d’une grande intensité. Le double processus de déterritorialisation des populations, par le biais des conquêtes, et de leur reterritorialisation, avec la transformation sociale de l’espace, prend place dans un contexte politique totalitaire. L’instauration de la dictature raciale et la généralisation de la terreur engendrent l’astreinte des colonisés à une condition de servitude économique et sexuelle. Le désir colonial permet aussi l’émergence de formes d’hybridité sociale ou culturelle, immédiatement contrées par le développement d’une politique de domesticité coloniale.
Mukanda
04.09.2023 | par João Manuel Neves