Femininement passionnée de Christ
Cette série des œuvres de l’artiste photographe Rachel Malaïka est une collection des photographies essentiellement faite dans les lieux de culte. Elle vient après celle consacrée à l’enfant de Kinshasa. L’artiste Rachel Malaïka présente une autre série des photographies très intéressantes autant que la première qui suscite dans l’admirateur un sentiment d’« étrangeté ». En effet, le simple commun de mortel ou le fidèle « endoctriné » verrait dans ces différentes photographies un acte de provocation et de sacrilège. Mais il s’agit bien de la photographie comme art, une expression du « moi intérieur » de l’artiste créateur. Cet artiste photographe met en scène tout une scénographie dans de différents lieux de culte et en dehors.
Au cœur de cette scénographie, Rachel Malaïka place la femme et le Christ. En effet, faire des photos dans un lieu de culte pendant une célébration eucharistique relève d’un acte normal peut-être, mais le faire en dehors de la messe, et mettre en scène la femme cela peut provoquer l’indignation des fidèles croyants et de certaines autorités ecclésiastiques. Loin de choquer les fidèles catholiques ou chrétiens, Rachel veut témoigner sa passion pour le Christ, et par l’occasion soulever quelques questionnements autour de la croyance doctrinale, de la place de la femme dans la liturgie, et de sa relation avec la personne du Christ.
Au premier regard averti, ces différentes photographies exaltent la passion du Christ. Une passion qui se témoigne par la communion avec la personne du Christ que l’artiste exprime par ses attitudes, ses gestes, ses regards et l’esthétisation de l’image, sans oublier la mise en exergue de la couleur rouge, une couleur passionnelle.
Ces photographies intriguent l’admirateur par leur sens d’audace et d’insolite. Elles se présentent comme une provocation arrogante, en frisant le manque du respect du sacré et du rituel.
L’insolence est la présence remarquable de la femme dans le lieu-dit « sacré » posant dans des postures différentes et provocantes en dehors de la cérémonie eucharistique. Une présence qui brise les restrictions religieuses et doctrinales catholiques. Cela se témoigne par sa présence dans des lieux de culte où seuls les prêtres sont censés côtoyés : autel,… la femme côtoie le sacré et le rituel qui sont réservés aux hommes. Est-ce là un acte de provocation ou de revendication ? Humblement, ces deux questionnements semblent se justifier. Puis que Rachel Malaïka met la femme au centre de son travail.
Pour l’artiste, l’œuvre fait un clin d’œil à une autre œuvre cette fois littéraire, un roman de fiction à polémique de Dan Brown dans lequel une analogie entre la femme Marie Madeleine et le Saint Graal est établie. L’artiste évoque et fait l’apologie de la femme réceptacle du salut de l’humanité, la vierge Marie!
Ces différentes œuvres photographiques trahissent une certaine intimité et familiarité de la femme et le divin, la femme et le sacré, la femme et le sacral peuvent être prise à la fois comme une revendication et une provocation inavouée.
Prenant le sens de la « provocation » l’œuvre de Rachel Malaïka est une autoreprésentation. En tant qu’artiste, elle connaît le pouvoir et la magie de l’image certainement, raison pour laquelle jouant sur cette magie de l’image, l’artiste se photographie elle-même, faisant de ces œuvres des autoportraits atypiques. Des autoportraits qui saisissent des instants évocateurs, événementiels et passionnels. Elles se présentent comme une revendication de la place de la femme prêtrise dans l’église catholique.
A travers ses œuvres audacieuses et insolites, Rachel Malaïka pose et réfléchit au sujet de la véritable place de l’homme dans l’église et lors de la liturgie. Tout en évoquant à travers ses images la complicité existant entre la femme et le Christ, la femme et l’église. Si l’église est comparée à la femme, alors pourquoi celle-ci ne pas valoriser à juste titre. La place des femmes dans l’Église catholique fait l’objet de nombreuses recherches. L’Église catholique insiste sur l’égale dignité des hommes et des femmes, mais également sur les spécificités de leurs rôles respectifs. À l’intérieur de l’Église, cette différence de « vocation » se marque par un certain effacement des femmes, puisque les fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement n’y sont exercées dans leur plénitude que par des hommes. Cette subordination des femmes aux hommes fait l’objet de critiques.
L’œuvre de cet artiste photographe se résume en ces mots : « Le Christ est le voile derrière lequel Dieu se cache et se révèle. La femme quant à elle, est le voile derrière lequel Christ se cache et se révèle. Par conséquent, la femme se présente dans l’église comme voile et dévoilement du Christ ». Rachel Malaïka est fémininement passionnée de Christ.