Si dans les pays industrialisés leurs effets en matière d’ordre et de santé publics sont relativement circonscrits, les drogues d’origine naturelle (héroïne, cocaïne, cannabis…) ont des impacts d’une autre ampleur dans les régions où elles sont produites et qu’elles traversent, essentiellement situées au Sud : alternative économique de survie pour des millions de petits paysans et de passeurs, mais aussi source d’affrontements sanglants entre cartels, de diffusion d’une culture de la violence, d’apparition de nouvelles inégalités, de corruption des institutions, de financement de coups d’État et de rébellions en tout genre. Tout à la fois produit et moteur de l’informalisation des économies et de l’affaiblissement des États, dont les causes premières sont à chercher dans la crise des secteurs productifs traditionnels et l’ajustement néolibéral, le narcotrafic a également su jouer de l’opacité des circuits financiers internationaux pour étendre ses ramifications.
Loin d’endiguer le phénomène, le modèle répressif imposé depuis quarante ans par les États-Unis l’a objectivement alimenté, l’interdiction décuplant le prix des drogues, l’attractivité de leur commerce et le pouvoir des trafiquants. Cette approche contre-productive, régulièrement subordonnée à d’autres objectifs de politique extérieure qui plus est, fait aujourd’hui l’objet de remises en question par plusieurs gouvernements latino-américains, qui estiment que leurs sociétés paient un tribut disproportionné à la “guerre internationale aux drogues”.
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