Panafricanisme : adaptation de récits/histoires d’Afrique de l’écrit à l’écran - 23e FESPACO - Ouagadougou

Guilde africaine des réalisateurs et producteurs, et Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO)

Atelier international prévu dans le cadre du FESPACO

du 25 au 26 février 2013 Burkina Faso

Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), en partenariat avec la Guilde africaine des réalisateurs et producteurs et le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), a le plaisir d’annoncer un atelier de deux jours sur le thème « Panafricanisme : adaptation de récits/histoires d’Afrique de l’écrit à l’écran » («Pan-Africanism: Adapting Africa Stories/Histories from Text to Screen ») qui aura lieu à Ouagadougou, au Burkina Faso, les 25 et 26 février 2013. Le FESPACO est un évènement bisannuel qui a commencé en 1969 pour promouvoir le développement de l’industrie cinématographique africaine en permettant de mener une réflexion sur les réalisations accomplies, de les présenter et de les célébrer, et ainsi, d’apporter des voix et des perspectives africaines au mouvement cinématographique mondial.

L’atelier s’inscrit dans le cadre des activités marquant la 23e édition du FESPACO, qui aura lieu du 23 février au 2 mars 2013, sur le thème « Cinéma africain et politiques publiques en Afrique ».

L’atelier fait partie d’un Programme global du CODESRIA sur les Sciences humaines qui vise à promouvoir de nouvelles orientations importantes de la recherche et l’excellence créatrice dans un domaine important, mais souvent négligé, les Sciences humaines africaines. Ce programme s’intéresse en particulier à leur interconnexion avec les sciences sociales surtout en ce qui concerne les questions cruciales qui présentent une importance fondamentale pour la promotion et la diffusion de la culture. Dans ce cadre, le CODESRIA a développé une tradition qui consiste à organiser, durant le FESPACO, des forums de réflexions sur la réalisation de films et le cinéma en Afrique. Pour le CODESRIA, l’atelier de 2013 est important dans la mesure où il entre dans le cadre des festivités du 40e Anniversaire du Conseil.

D’un point de vue historique, on peut soutenir que les films fondés sur les questions d’« édification de la nation » ont dominé la première phase du cinéma africain. Les cinéastes se sont organisés en un mouvement appelé la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI) et ont décidé d’adopter pour le langage de leurs films la thèse de Frantz Fanon – « Il n’y a de culture que la culture nationale » – ce qui signifie que, pour redonner à l’Afrique une image autre que celle des stéréotypes de Hollywood et établir dûment une culture et une identité africaines modernes, les nouveaux films africains devaient thématiser et faire la chronique des luttes de libération de différentes nations, et dénoncer le néocolonialisme et la corruption. Parmi les films importants de cette première période, on peut notamment citer Le mandat et Xala de Sembène Ousmane, qui traitaient du néocolonialisme ; Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina ; Sarraounia de Med Hondo ; Sambizanga » de Sarah Maldoror et Mortu Nega  de Flora Gomes, qui portaient sur les guerres de décolonisation ; Baara et Finyé de Souleymane Cissé qui étaient axés sur les dictatures et la corruption ; et Heritage Africa  de Kwaw Ansah qui a réfléchi sur la perte de patrimoine et d’identité culturels.

Les films sur les luttes de libération, l’édification de la nation et la formation de l’identité ont été suivis, en grande partie à la fin de la Guerre froide, d’une phase « cinéma d’auteur » qui met  l’accent sur les dispositions philosophiques et psychologiques individuelles envers le monde, un langage cinématographique introverti pour se référer uniquement à lui-même, et un cinéma dans lequel le style du réalisateur était plus important que la logique de l’histoire du film. Les meilleurs exemples de films dits « d’auteur » dans le cinéma africain sont probablement les films de Djibril Diop Mambéty – Touki Bouki et Hyènes . Mais on pourrait aussi inclure dans cette catégorie des metteurs en scène tels que Jean Pierre Bekolo, Haroun Mahat Saleh et Abderrahmane Sissako, pour ne citer que quelques-uns.

Enfin, il y a eu le boom de la vidéo au Nigéria, au Ghana et ailleurs en Afrique, d’expression anglaise. On peut soutenir que les films vidéos appelés « Nollywood » sont ici le modèle le plus important, avec une conception capitaliste du cinéma plus proche de Bollywood et de Hollywood que de ce que l’on pourrait appeler les premier et deuxième cinémas en Afrique. En effet, avec ses studios, le recours à des stars et l’utilisation du pidgin, ses producteurs et distributeurs qui contrôlent le marché, il est clair que Nollywood a créé une nouvelle imagination sociale en Afrique. Du point de vue technologique, Nollywood est aussi intéressant en raison de sa production et de la prolifération de plusieurs milliers de films depuis sa création au début des années 1990. On peut dire que Nollywood est – tout à la fois – moderne et dépassé ; bon et mauvais pour le cinéma africain ; un pourvoyeur de propagande religieuse et un défenseur de la liberté et du choix individuels.

Ces images contradictoires de l’Afrique véhiculées par Nollywood et d’autres vidéos anglophones nous amènent à nous poser les questions suivantes : Quelles sont les images médiatisées de l’Afrique aujourd’hui, dans les textes, la musique, les films et les vidéos ? Quel est le rôle de la littérature, du film et de la vidéo africains dans le monde de l’art aujourd’hui ? Le désir des artistes africains pour une littérature, un cinéma et une vidéo panafricanistes est-il réalisable, de la même manière que les premiers cinémas et la littérature s’étaient donné comme objectif principal l’édification de la nation ? En quoi consisterait aujourd’hui le langage esthétique du panafricanisme, l’art qui se fixe comme objectif l’unification de l’Afrique et sa diaspora ? Fondamentalement, quel est le rôle de l’adaptation de l’écrit au film, à la vidéo, à la musique et aux arts plastiques, et vice-versa, dans la prolifération de telles esthétiques ? On pourrait également voir ici un rôle important accordé aux genres cinéma documentaire et vidéo qui pourraient inclure des archives sur l’histoire de figures panafricanistes clés du passé et du présent.

Nous vous invitons à venir explorer au prochain FESPACO certaines de ces possibilités de récits, d’esthétique, de configurations théoriques et politiques panafricanistes dans la littérature, les films et les vidéos aujourd’hui.

Les orateurs seront notamment : Wole Soyinka, Abiola Irele, Kofi Anyidoho, Lindiwe Dovey, Antonio Tomas, Dominica Dipio, Fatou Kandé, Abdoulaye Niang, Mbye Cham, Balufu Bakupa-Kanyinda, et Pocas Pascoal.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Professeur Manthia Diawara I manthia.diawara@nyu.edu

ou Secrétariat du CODESRIA I BP 3304 Dakar, CP 18524 Sénégal I Tél. : +221 33 825 98 22/23

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31.01.2013 | par martalanca | Fespaco, images de l'Afrique